Complotismes, astrologie... même combat ?
Edition n°21 - 8 décembre 2020 - Bonnes pratiques, usages, tendances, business, outils...
▶️ FOCUS : L’adhésion aux théories complotistes s’inscrit dans un regain de spiritualité "alternative”
La Fondation Jean Jaurès publie un rapport inquiétant sur les parasciences (voyance, sorcellerie, astrologie…) corrélées aux théories complotistes et antivaccinistes.
58% des Français déclarent croire à au moins une des disciplines de parascience, à savoir l’astrologie (41 %), les lignes de la main (29 %), la sorcellerie (28 %), la voyance (26 %), la numérologie (26 %) ou la cartomancie (23 %). Et la tendance serait nettement à la hausse, si l’on en croit le graphique ci-dessous :
ERRATUM. En réalité, ce graphique ne permet pas de déduire cette hausse continue, car pas moins de 17 ans séparent deux mesures seulement, comme l’explique fort bien Serge Bret-Morel dans cette video de décryptage :
Dans l’étude de la fondation Jean-Jaurès, la consultation de l’horoscope notamment, croisée avec l’adhésion au complotisme suggère une corrélation. 75 % de ceux qui ne croient à aucune théorie du complot ne consultent jamais leur horoscope.
À l’inverse, ceux qui croient à quatre théories ou plus consultent presque deux fois plus fréquemment leur horoscope que le reste de l’échantillon (11 % contre 6 % pour l’échantillon).
ERRATUM. Le problème, c‘est qu’il y a bien des manières de lire l’horoscope, de l’usage purement récréatif, à la croyance en son pouvoir prédictif. Il est impossible de faire la part de ces usages dans les chiffres et donc d’en déduire un lien de causalité avec les phénomènes complotistes.
Cet engouement pour les para-sciences serait par ailleurs tiré par les jeunes adultes, peut-être
“moins imprégnés d’une lecture rationnelle de la société et du monde (…) et beaucoup moins marqués par une défiance vis-à-vis des croyances religieuses et le matérialisme dominant jusque-là depuis l’après-guerre” suggère le rapport.
ERRATUM. A moins que les jeunes ne soient justement les plus en recherche de socialisation, à cette époque incertaine de sa vie où l’on se rassure par la solidarité du groupe. L’horoscope sert alors de vecteur de socialisation : on lit d’ailleurs souvent son horoscope à ses amis.
Par ailleurs, l’attirance pour les disciplines non scientifiques semble être particulièrement fort chez les jeunes femmes.
Daniel Boy avance l’explication suivante pour justifier l’attirance de celles-ci :
“Peut-être tout simplement la relative difficulté de maîtriser son avenir. Les femmes, parce que nos sociétés – où la parité demeure une politique débutante – continuent à les placer dans des dilemmes anxiogènes entre rôles professionnels et rôles familiaux. Les jeunes, parce que la jeunesse est par définition le moment des choix décisifs de carrière et de destin familial”
Par ailleurs, ces nouvelles pratiques spirituelles (comme l’astrologie) sont un signal d’appartenance à un groupe et revêtent un enjeu identitaire important.
Théories du complot, astrologie, numérologie… ces croyances satisfont, quoi qu’il en soit, un besoin de comprendre et de se rassurer, à moindre effort.
“Ne sachant jamais quelle vérité est la bonne, croire aux complots ou à la définition de son caractère par les astres réduit le coût de la recherche et de la réflexion, tout en apportant des clés de lecture rassurantes dans un environnement social de plus en plus anxiogène.”
ERRATUM : cette étude montre donc plutôt la nécessité d’être très prudent dans la présentation des statistiques et a fortiori, dans leur interprétation. Le mélange de pratiques très diverses aux ressorts différents (astrologie, versus sorcellerie) rend compliqué l’exploitation de cette étude, même si certaines analyses sont justes.
👉 La vérité est ailleurs ? Voyance, sorcellerie, astrologie
👉 Médias et information : sale temps pour la complexité
▶️ 3 liens incontournables de la semaine
“L'addiction est très très très présente chez les journalistes…” Mathieu Deslandes a recueilli les confidences de “la psy des journalistes”.
Quels sont les secrets d’une bonne relation entre un média et ses lecteurs ? Damien Allemand - responsable digital chez Nice Matin - répond à Maxime Moné de Poool, solution de paywall bien connue des médias :
"L'écoute, la transparence, la confiance et le service. Maintenant à nous médias de mélanger tout ça et de trouver la bonne recette :)”
👉 La presse doit changer de ligne, de rapport au lecteur, d’organisation… si elle veut survivre !
Formations, ateliers, réunions… Le distantiel change huit choses et nécessite quelques précautions bien expliquées dans cet article :
Se battre contre les passagers clandestins… et ne laisser tomber personne
Prendre garde au miroir tendu par nos caméras
Se méfier du potentiel distractif et déstabilisateur à domicile
▶️ En bref, dans les médias
Face aux pressions de BFM TV, du service public et des Gafa, la PQR unit ses forces dans le domaine video.
Facebook lance son lecteur de news en janvier 2021 en Royaume-Uni (dans un premier temps).
Google News Showcase affichera bientôt intégralement et gratuitement à ses visiteurs les articles situés derrière un paywall des éditeurs ayant accepté son accord.
Ci-dessous, une infographie animée du nombre de décès mensuels depuis 2001 qui donne une idée plus claire de la gravité de la crise sanitaire que nous vivons.
🎁 BONUS : un annuaire d’expertes en ligne
Le site Les Expertes* permet aux journalistes inscrits d’accéder aux coordonnées de 4000 spécialistes femmes de tous types de questions (sciences, médecine, économie, santé, éducation, politiques publiques...). Un dispositif crée pour faciliter une meilleure visibilité aux femmes dans les médias, encore largement sous-représentées.
*Une initiative soutenue par le groupe Centre France-La Montagne dont fait partie l’ESJ PRO
Cette info-lettre vous a plu ? Vous pouvez vous y abonner en cliquant le bouton ci-dessous. Vous avez aussi le droit de la partager :)
Pour recevoir cette infolettre tous les mardi matin, indiquez votre e-mail ci-dessous :